Assise devant le feu ce soir, je révise mes instants.
Me voilà sans mots.
Que sont devenus mes instants, ceux-là, juste là ? Et ceux d’avant ? Et ceux d’avant avant ?
Comme disparus. Pas totalement mais comme.
Comment peut-on oublier sa propre maison, surtout les problèmes qui l’entoure ?
Comment peut-on oublier le paradis, même avec ses lacunes ?
Comment peut-on ne se souvenir que du fait qu’il fait si bon ce soir ; que les criquets ou les cigales, je ne saurais dire, chantent à tue-tête comme pendant l’été ; qu’hormis les petites maudites bibittes qui nous arrachent la peau, c’est tellement agréable d’être dehors ; que les chandelles allumées sur le sol devant moi m’offrent leur plus belle danse ; que ma Charlotte soit blottie contre moi, endormie, apaisée par mon bras sous son cou ; et le chant de la nuit, dans toute sa noirceur ?
Et pourtant, j’ai la presque certitude que ces instants s’évanouiront aussi vite que les précédents, ne laissant aucun souvenir s’agripper à ma peau comme jadis.
Suis-je en train de mourir ?
Peut-être suis-je tout simplement en train de vivre…
Tres bel article!
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